C'était un lundi.
Un lundi de novembre.
Le 25.

Le week-end avait été difficile entre nous.
Je me sentais mal, j'étais allée voir un ami pour en parler.
Il m'avait réconfortée, redonné confiance, persuadée que tout allait s'arranger.
Et je suis rentrée ragaillardie.

Je venais de franchir le palier quand je t'ai vu.
Et j'ai su que rien n'allait s'arranger.

Tu avais l'air bizarre, comme sur le point de pleurer.
Je t'ai demandé ce qui se passait.
Tu as secoué la tête, incapable de parler.
J'ai dit, j'ai hurlé, que je ne méritais pas ton silence.

Alors les larmes ont coulé sur tes joues, libératrices, et tu m'as enfin dit.

Depuis combien de temps ?
Six mois !

Et tu l'aimes ?
Oui.

Tu ne m'aimes plus ?
Plus comme avant.

Tout est blanc dedans.
Je vais tomber.
Ne tombe pas, ne tombe pas.
Ne pas rester là, surtout ne pas rester là.

Je vais aller chez ma mère, en attendant que tu partes.
Tu vas déménager quand ?
Tu veux garder l'appartement ?
Mais tu ne pourras pas payer !
Elle va venir vivre ici avec ses trois enfants ?

Oui, bien sûr, tu peux le garder.

Putain, je ne vois rien avec toutes ces larmes.
Je dois me concentrer.
Prendre des sous-vêtements, une trousse à toilette.
Un livre.

Je n'arrive plus à te parler au milieu des hocquets.
La commode, des chaussettes.
Je ne veux pas que tu couches avec elle dans notre lit.
Je ne veux pas.

Tu entends ?

Je hurle.
Pourquoi tu pleures ?

Un pull.
Je reviendrai chercher le reste plus tard.
Je vais m'écrouler si je ne pars pas maintenant.
Je ne veux pas. Pas devant toi.
La porte est loin, je ne veux pas te regarder.

Tu me dis quelque chose, je m'arrête.
Je veux te hurler dessus, te frapper,
te tuer.
Mes bras tremblent.
Je vois mon doigt tendu vers toi.
Les mots se bousculent.
Je serre les dents.

Non !
Non, je ne veux pas.
Ce serait trop facile.
Je veux que tu souffres.

J'ouvre la porte et je sors.

...

Huit ans, jour pour jour, que je me cachais grace à toi.
Merci de m'avoir aimée, merci de m'avoir libérée.