samedi, mars 10, 2007

Laisse, va

La consigne, c'était fastoche.
Sortir des halles, beaucoup moins.

L'air libre est enfumé.
De pimpants pompiers discutent le bout de gras sur la place, en tenue proprette à lignes fluos, casques rutillants, étiquetés "Pompiers de Paris".
La grande échelle est déployée, le toit n'est plus là, le mur non plus, je vois chez les gens.
Je n'y crois pas.

Je cherche la bibliothèque un moment et je me retrouve dans une immense queue. J'attends. Ca faisait longtemps que j'attendais ça.
J'ai tant de temps, sûrement. Qu'en faire ?
T'appeler, bien sûr, mais ensuite quoi ?
Je n'ai pas envie de parler à mon voisin enseveli dans son casque audio.
Je trifouille dans mon sac et j'en sors Anne Sylvestre.
J'apprends.

Je chante.

D'un coup, la queue se déroule et je passe le portillon.
A l'entrée, j'hésite, me dirige vers l'accueil où une dame me tend un ticket.
Je le prends, dis merci, à la dame.
C'est un accès Internet. Tiens ?

Bon.
Alors me voilà.

Mais les toilettes, c'est où, Madame ?

jeudi, mars 08, 2007

Drôlement magnifique

Les Ecrans de Libé me font souvent découvrir des sites intéressants.
Aujourd'hui, c'est une perle.
Une de ces créations qui fait sourire les larmes.

Ca s'appelle Coiffure pour dames.
Un photographe, Fabrice Guyot, a saisi, d'un oeil drôle et tendre, le rituel coiffure de ces dames.

Ca me fait penser à Suzanne, ma grand-mère chérie, qui se fait pomponner tous les mois chez Louisette et qui, à 92 ans, en fait tout juste 75.
La permanente impeccable et le verbe haut, elle m'engueule toujours, "tu me fais honte, avec ces cheveux qui ne ressemblent à rien !"
C'est tout un budget. Tout un cérémonial aussi. Ma mère la dépose, ou la fille de Louisette, passe la prendre. Suzanne y passe l'après-midi.
Elle revient épuisée, mais fière : "Qu'est-ce que tu penses de ma couleur ? Louisette m'a bien réussie aujourd'hui !".

La coquetterie et les mots, c'est un peu tout ce qu'il lui reste.
Elle se sent si inutile, si dépendante.
Elle ne supporte pas.
92 ans, c'est beau, mais pour qui ?

Alors je lui demande un massage des pieds.
Et je lui épile le menton.

Je l'aime.
Elle m'aime.

Mais est-ce que ça suffit, à 500 km de distance ?

mardi, mars 06, 2007

2000:27 - Off-site

C'est mon premier jour.
Je me suis habillée chouette, pas trop classe, mais élégant.
Je suis un peu angoissée, je veux faire bonne impression.
J'arrive pile à 9h15, pas trop tôt, mais pas en retard.

Tout le monde est guilleret, détendu.
Mal fagoté.
On me regarde en rigolant discrètement.

Mon chef surgit dans la cafétéria et me lance "Alors, t'es prête pour le off-site ?".
The quoi ?

Ben oui, quoi, aujourd'hui, on sort, on t'avais pas dit ?
T'as de la chance de commencer par un off-site !


Quelques heures plus tard, je suis suspendue dans les arbres en bleu de travail moulant et baudrier, terrorisée et suant comme un âne.

Déjà, j'étais arrivée à l'école en pantoufles.