mercredi, décembre 12, 2007
lundi, novembre 12, 2007
Arthrose
Ô ma colère.
Tais-toi.
Je ne veux plus
hurler.
Je ne veux plus
avoir peur.
Tais-toi.
Je t'ai trouvée,
je sais, enfin,
qui tu es.
Tu es arrivée quand il est parti.
Tu as grandi de son absence.
De son mépris.
Tais-toi.
Tu es là.
Je le sais.
Depuis qu'il ne m'aime pas.
Depuis qu'il ne veut plus
rien savoir
de moi.
Tais-toi.
Mais tais-toi donc !
Ne vois-tu pas
que tu me tues ?
Je ne veux plus
avoir besoin de toi,
avoir besoin de lui.
Tais-toi.
Tais-toi.
Papa.
Tu n'es plus
pour moi
qu'une colère.
mercredi, novembre 07, 2007
Le balayeur et la petite feuille
En lui disant bonjour, je me suis demandée à quoi il pouvait bien penser, en balayant les feuilles.
Je me suis demandée s'il révait à des vacances au soleil, à une nouvelle voiture, au match de foot à venir, à sa famille.
Je me disais qu'il ne devait pas gagner beaucoup, que ça ne devait pas être facile pour lui.
Je me disais que ce boulot devait être pénible, surtout l'hiver.
Il devait penser à tout ça, oui.
Et je me suis retournée pour mieux voir son visage,
forcément perdu dans des désirs d'ailleurs.
Le monsieur s'est penché, il a gratté de l'ongle une petite feuille qui s'accrochait au goudron humide, puis s'est relevé et l'a balayé avec précision.
Il avançait vite, concentré dans son geste.
Il rêvait sûrement d'ailleurs, mais il était là.
Complètement là.
mardi, novembre 06, 2007
Si
la boule là,
si comme moi vous vous demandez souvent ce que vous faites là,
derrière ce bureau,
si comme moi vous vous voyez des fois
comme un imposteur,
si comme moi vous vous sentez coupable de ne pas être
assez bon,
assez efficace,
si comme moi vous avez été élevé en bon petit soldat, dans la valeur
travail,
si comme moi vous aimez votre boulot, malgré tout,
à cause des gens,
surtout,
et qu'en plus vous en avez un peu marre du cinéma revendicatif mais simplificateur et bâclé,
ou simplement
si vous vivez dans un pays gris, en novembre,
allez voir, de toute urgence, le film de Jean-Michel Carré :
J'ai (très) mal au travail.
Et faites passer !
vendredi, octobre 26, 2007
Désiré
Jules. Jules-Désiré.
Elle l'appelait l'un ou l'autre, ou les trois, selon l'humeur.
Désiré le tendre.
Jules le "testaru", plus buté qu'un âne.
Mon papy.
Il avait une moustache, le crâne dégarni,
les cheveux fins, comme moi.
Il gueulait en patois, elle en italien.
Ils m'ont donné le goût des langues en s'engueulant,
en s'aimant.
Mon papy.
Il m'emmenait à la pêche quand j'étais petite, dans la Drôme.
On prenait de la friture qu'elle préparait en riant.
Il entrait parfois dans des colères noires.
Il portait des charentaises, des vraies,
un survêtement,
une "bonnette" l'hiver et un "capéo" l'été.
Elle insistait.
Il était gareur, avant,
mon papy,
il faisait les 3/8 et rentrait au petit matin,
son casque anti-bruit à la main.
Il aimait le saucisson,
son p'tit coup d'rouge, aussi,
et la cafétéria du Géant Casino,
où on allait, le vendredi,
en dimanche.
Il conduisait doucement,
ça m'énervait des fois.
Il était fort
mon papy,
des avant-bras larges et noueux, toujours bronzés, tannés,
les mains comme des battoirs, rapeuses, toujours génées de se poser sur la table.
Il n'arrêtait jamais,
mon papy.
Il domptait les abeilles,
les arbres,
les picodons qui coulent.
Il inventait des monstres,
des cachettes,
des histoires.
Et Gibacier habitait dans le fourré.
Même que la mongolfière du 14 juillet, la toute petite, j'allais monter dedans,
fallait prévoir le K-way.
Il aimait rigoler,
mon papy.
Il m'aimait.
Comme il savait.
Il ne craignait pas les morsures d'insectes,
mon papy,
ni les serpents,
ni les éléments,
ni la mort.
Il aurait haussé les épaules, froncé les sourcils, ennuyé,
il se serait essuyé le front de la main,
il aurait dit : "qu'est-ce que tu veux ? c'est comme ça, hein... c'est malheureux."
Un peu fâché.
Il aurait compris ma révolte, mais il aurait voulu me faire taire,
il aurait essayé.
Mais jamais, jamais, je ne me tairai,
papy,
toujours je veux dire tout cet amour,
toujours.
Il y a eu les cris, les pleurs, les silences,
l'espace et le temps,
entre nous.
Et puis il y a eu samedi,
des mots d'amour dans tous les trous.
Et des bisous.
A mon papy,
Jules,
Désiré.
jeudi, octobre 25, 2007
Comme une bougie
elle a dit.
Sa dernière flamme
aux premières lueurs du jour.
Il s'est éteint comme une bougie.
Mon papy.
Bleu dans gris
mardi, octobre 23, 2007
dimanche, octobre 07, 2007
Carcasse
mais tu l'habites bien.
Tu as dit ça.
Que vois-tu là que je ne vis pas ?
Car je vis séparée.
Divorcée de moi-même.
Ne le vois-tu pas ?
Je n'habite nulle part.
Je voulais être un pur esprit,
ignorer l'enveloppe pour mieux exister
en vrai.
Mais elle s'est vengée
et m'a envahie de toutes parts,
me laissant prisonnière
derrière mes barreaux de chair.
Impossible de m'échapper,
je refuse toujours de cohabiter.
De faire semblant.
Je n'accepte de la voir que parfaite.
Je ne la croise pratiquement jamais.
Un reflet dans un miroir, de temps en temps.
Non, je ne l'aime pas.
Mais elle m'habite,
malgré moi.
Pensée magique
Le rendez-vous datait de plus de 20 ans.
Je m'y suis rendue sans trop d'espoir.
J'ai planté ma pagaie dans le métal fondu
de la rivière mer,
comme dans un rêve.
Tu n'avais pas oublié,
la promesse d'enfant.
Tu as surgi des profondeurs
du bleu
des temps,
pour m'offrir ta respiration.
Et j'ai senti.
Et j'ai compris.
L'instant.
Tu t'es donnée à moi,
anachronique et contradictoire.
Et tu m'as rendu mon enfance,
mon éternité.
jeudi, septembre 27, 2007
Etre une femme
Je reviens à la France et ce que j'entends me rend violente.
La liste est longue.
Comme d'habitude je me sens découragée avant même de commencer la discussion.
Je n'ai pas envie de discuter.
Juste de gueuler.
J'assume mon intolérance et ma révolte.
Je ne parlerai que d'une image.
Un contraste entre une forme nue alanguie et un corps presque mort de vouloir disparaître.
Une photo choc par un habitué du genre.
Qui ose dire les cris cachés de notre société.
Oui, j'aime les photos de cet homme.
Il met le doigt là où ça pleure en silence.
Il montre le non-dit qui nous étouffe.
Celle-ci c'est une gueulante.
Contre l'hypocrisie d'un monde où l'on pousse les femmes à être toujours plus minces, toujours plus jeunes, en refusant d'en voir les conséquences.
Non, cette photo n'est pas pour les anorexiques.
Elles n'y trouveront pas ce dont elles manquent.
Elle est pour l'homme de la rue qui regarde des femmes nues photoshopées et que ça fait bander.
Elle est pour les copines de bureau qui critiquent les formes de telle ou telle, qui devrait faire un régime.
Elle est pour les parents qui laissent leurs enfants traiter leurs copains de gros.
Elle est pour ceux qui oublient qu'on ne vit qu'une fois, dans ce corps-là, et qu'il est notre seul dieu.
A en crever.
vendredi, septembre 21, 2007
The perfect lover
I touched you with the tip of my fingers,
the tip of my tong,
a bit of my heart.
I put naked thoughts in your silence,
hands on me in your eyes.
You are the perfect lover.
Real, you hug me, you touch me,
you give, you take,
whenever you want, the way you want.
You play with me and I like that.
And I want that.
Imaginary, you kiss me, you touch me,
you take me, you give yourself to me,
as long as you want, the way you want.
You play with me and I like that.
And I want that.
I can feel your skin against mine, your lips on my cheek, your
hands on my body.
I want them everywhere.
I want you inside.
But you already are.
You're the perfect lover.
jeudi, septembre 20, 2007
Conseil pour les nuls du jardin
Entretenir un jardin, c'est l'apprentissage du renoncement.
Emportés par l'enthousiasme du débutant, on bosse comme des fous, pour voir son travail anéanti en quelques heures par la pluie, un parasite quelconque ou ces satanées limaces.
On se dit que tout ça se verra tout de même récompensé par le Graal de tout jardinier : la Production !
Résultat des courses : les melons de Luneville (sur lesquels je ne comptais certes pas beaucoup) sont morts, la courge spaghetti a donné une grosse courge, une seule, mais a propagé une maladie genre croquante de la feuille à tous les alentours, la courge bleue de Hongrie a donné une petite courge qui s'est détachée trop tot et a pourri (4 m2 de place perdue pour ça). Seules les tomates et les aubergines ont produit plus d'un exemplaire mangeable. Braves filles.
Par contre, une vraie réussite : les épinards blettes.
Formidable !
C'est très bon, plus doux que l'épinard, plus subtil, plus beau, plus résistant.
Bref, mon conseil au nuls du jardin : votez épinards blettes (ben non je n'ai pas de photos, on les a mangés, tiens) !
vendredi, août 24, 2007
mardi, août 21, 2007
C'était Dublin : en faits
Enfin, surtout Dublin.
D'abord, les gens ne sont pas censés causer comme nous. Ben non. Ils causent l'angliche normalement.
Pire, leurs panneaux sont écrits en deux langues, angliche et Irlandiche, encore plus illisible, avec plein de voyelles de partout.
Mais ça, c'est la théorie.
En pratique, il y a plus de Français à Dublin qu'à Grenoble.
C'est une horreur, on n'est jamais chez les autres, même quand on n'est pas chez soi.
Ensuite, l'Irlande est une île et Dublin un bord de mer (cela dit, c'est pas prouvé, on n'a jamais réussi à la voir, la mer).
Du coup, on est réveillés le matin par le cri des mouettes et des goélans. Ca fait bizarre, surtout sans la mer.
Ensuite, le temps change toutes les cinq minutes.
Je n'exagère pas. Il peut faire super beau, chaud et tout, tu rentres vite mettre des sandales, tu sors, il pleut des cordes et la température a baissé de 7°.
Véridique.
Du coup, on s'habille à couches, et on oublie les sandales.
Cela dit, ça ne m'a pas empéchée d'en acheter, des sandales.
Bref.
Evidemment, avec ce temps de chien, la cuisine locale ne fait pas dans le léger.
C'est facile, ils mettent des patates de partout !
Si.
Même avec les lasagnes !
Même avec les patates (la purée est servie avec des patates au four).
Bien entendu, on boit du thé constamment, avec du lait et du sucre, c'est comme ça et puis c'est tout.
Heureusement, ça réchauffe.
J'oubliais, ils conduisent à gauche, et ne roulent pas très vite, mais il faut être prudent quand on traverse, car on ne regarde jamais du bon côté.
En Irlande, l'avortement est interdit, mais les paris non. Du coup, il y a des échoppes de bookmakers un peu partout et on peut parier sur tout et n'importe quoi.
Les bars s'appellent des "pubs", ils sont énormes, souvent à plusieurs étages et on y boit la bière à la "pinte" (sérieux).
Heureusement, il est interdit de fumer partout et on respire bien en buvant sa bière.
Les Irlandais ont l'air plutot sympas, mais je n'en ai pas vu beaucoup. Ils ont un accent à couper au couteau et il est parfois difficile de les comprendre, mais ils répètent sans rechigner.
Je crois bien que j'y retournerai.
C'était Dublin : semaine 2
Samedi, nous avons marché le long des quais en cherchant la mer, que nous n'avons jamais pu atteindre !
Nous étions sur le mauvais quai, celui qui est bloqué par un canal, juste avant la mer. Rires.
Le soir, fête de l'école d'été. Pas terrible. Des rencontres intéressantes avec des profs, dont un me touche particulièrement. Il ne me regarde d'abord pas. Puis je trouve un passage dans sa muraille et ses yeux ne me quittent plus. Je n'ai jamais vu une telle intensité dans un regard.
Dimanche, nous sommes partis voir un site monastique du VIe siècle, au milieu de magnifiques lacs, dans les montagnes du Sud de l'Irlande. Au final, 1h de car aller, 1h de car retour, des tonnes de touristes, de la pluie par intermittence mais des paysages superbes et une balade de près de 6km. Ca fait du bien.
Je suis devenue la "leader charismatique à plans foireux".
Je me sens quant à moi monitrice de colonie de vacances.
C'est épuisant.
Hier soir, du coup, je suis allée manger seule au restaurant, dans un italien pas loin. Au moment où j'allais commander, un de mes anciens profs est entré.
Je ne le connaissais pas vraiment, mais j'avais croisé son fantôme dans toutes les équipes où j'ai travaillé.
Ca crée des liens, une proximité à distance, une complicité dans les choix.
J'ai osé l'interpeller. Il a réagi avec plaisir.
Petit moment magique.
Nous avons mangé ensemble, nous nous sommes découverts et le temps est passé très vite.
Deux jours, deux rencontres d'exception.
La vie est pleine d'accélérations.
C'était Dublin : l'après-midi (2)
En particulier, je me demande si les harmoniques que l'on entend lorsque l'on chante existent aussi quand on parle et si elles n'auraient pas une part de responsabilité dans les difficultés rencontrées dans l'analyse de la parole.
Je n'y connais rien, alors je peux me permettre d'avoir l'air de poser des questions intelligentes.
Le prof est bizarre, mais passionant, il porte un chapeau de cow boy à lacet, un costard clair et des petites lunettes à monture or. Il a une barbe et ses cheveux blonds frisés sont coiffés sagement sur le côté. Hier, pendant une pause où je voulais lui poser une question, il s'est mis à gesticuler sauvagement, l'air parfaitement affolé. Une guèpe le suivait partout, il a paniqué.
C'était drôle.
lundi, août 20, 2007
C'était Dublin : l'après-midi
Il fait un temps superbe, doux et frais.
Il ne doit jamais faire vraiment chaud ici, mais c'est assez agréable.
Mamie devrait venir vivre à Dublin, elle s'y plairait.
La mer n'est pas bien loin. On ne la voit nulle part, mais on la sent.
Il y a des relents marins, mais aussi les goélans qui se promènent sur les pelouses, l'air plus frais, le vent constant.
J'ai décidé de ne pas aller au cours sur l'évaluation aujourd'hui, le sujet traité ne m'intéresse pas. J'irai demain.
J'attends donc midi tranquillement.
Ma copine S. est partie lire, les garçons ne se sont peut-être même pas levés.
Trouver du temps est assez compliqué.
Les visites de musées et de lieux historiques ferment à 17h et la connection Internet n'est pas disponible dans les chambres.
Conséquence : je dois choisir entre écrire et visiter, entre visiter et travailler.
J'essaye de faire un peu des trois, en mettant la priorité sur le travail, les rencontres (très peu pour l'instant) et l'écriture.
Il me restera toujours ce week-end pour visiter.
Nous voulions louer une voiture pour traverser l'Irlande et visiter le Connemara, mais cela semble démesuré, à la fois en temps et en km.
Un membre de l'équipe d'accueil de l'école d'été nous a conseillé d'aller plutot à Glendalough, un lac où se trouve un monastère, au milieu des "montagnes", à 1h de Dublin en bus.
L'idée me plait. Le site a l'air magnifique.
C'était Dublin : le matin
Dès ce moment, j'ai l'impression d'être en retard.
Je ressentais la même chose à St Amant.
Je me cours après.
La salle de bain fait 3 mètres carrés, ce n'est pas un espace où l'on a envie de passer du temps.
Je me trouve moche, grosse.
Je regarde dehors, les quelques bouts de ciel que j'aperçois m'encouragent à m'habiller chaud.
Des fois, le temps se dégage dans la journée, il fait alors meilleur et mon moral remonte.
En attendant, j'ai les pieds tout gonflés d'être compressés dans des chaussures à chaussettes.
Je craque, tant pis, je mets des sandales.
Je prépare mon sac avec l'ordinateur portable, les cours, une bouteille d'eau. Un peu moins de 10kg en tout.
Pour l'instant, il va rester dans la chambre, je reviendrai après le petit déjeuner.
Je sors, toque à la porte de S., en face de la mienne, et nous partons petit-déjeuner dans l'air frais du matin et les cris des mouettes. Il est 8h.
Nous habitons dans Trinity College. C'est un ilot historique plutôt piéton et calme, bien que touristique, dans une ville trépidante.
Cela dit, il nous faut toujours 5 à 10 minutes pour aller d'un endroit à l'autre, quelle que soit notre vitesse. C'est très bizarre, comme un ralentisseur interne dont nous ne sommes pas conscientes.
Nous longeons un premier espace pelousé à l'anglaise : un stade de rugby. Impossible de marcher sur l'herbe, encore moins d'y courir, c'est interdit en ce moment : "ressemage". J'ai une excellente excuse pour ne pas faire de jogging le matin. J'ai emmené mes baskets qui courent vite pour rien.
Nous passons entre deux bâtiments de deux étages et longeons un petit parc, de nouveau interdit de piétinement.
De nouveau un passage entre deux batiments, puis un dernier espace herbeux, et la petite place de l'entrée de Trinity College apparaît.
Le petit déj est servi sous forme de self-service dans un hall qui nous fait vraiment penser à celui d'Hogwarts, dans Harry Potter, très haut, avec des murs recouverts de bois à mi-hauteur et 4 rangées de tables et des tableaux d'anciens Présidents de l'Université. C'est assez imposant, mais un peu bruyant.
Nous y retrouvons d'autres participants de l'école d'été, profs ou étudiants. Nous ne nous mélangeons pas trop, par fatigue, principalement. Beaucoup parlent boulot, recherche, résultats. Nous nous sentons un peu exclus.
Un thé, deux toasts et des céréales plus tard, nous revenons à nos chambres, nous laver les dents et prendre nos sacs pour rejoindre l'amphithéatre sous-terrain où aura lieu notre premier cours, à 9h.
Il n'y a pas de liaison Internet dans nos chambres, seulement dans les salles de cours.
Mais j'ai à peine le temps d'écrire un petit message avant que le prof n'arrive et que le cours ne commence.
Je suis arrivée lundi après-midi, j'ai donc raté le premier cours de la semaine. J'ai assisté à certains cours sans intérêt mardi et je suis enfin en vitesse de croisière mercredi.
De 9h à 10h30, j'assiste donc à un cours assez général sur la linguistique informatique, donné par un Américain très sympa. Son cours est très vivant, très intéressant. Il m'aide à comprendre de nombreux sujets que je ne faisais que survoler avant.
Pause thé, toilettes, puis nous reprenons à 10h45 avec un cours beaucoup moins agréable, sur les méthodes d'évaluation en linguistique informatique, donné par une Portugaise dont l'anglais est hésitant. Nous ne sommes qu'une quinzaine et nous dormons. J'écris.
A 12h15 ce sera de nouveau la course pour déjeuner. Nous avons fait quelques courses chez Marks & Spencer hier à midi, nous avons donc de quoi manger dans le frigo commun à nos chambres. Aujourdhui ce sera bébés tomates, bébés carottes, excellent tarama, fromage anglais et poulet aux herbes chimique puis brugnon. Et un thé.
Je ne sais pas s'il fait beau dehors.
Hier nous avons mangé nos salades au bord de la pelouse, devant le musée de l'Université, où se trouve apparemment l'un des plus vieux livres au monde, le livre de Kells.
J'irai le voir plus tard, dès que j'aurai un peu de temps.
Il est 11h50, il y a une heure de décalage avec la France, il est encore 10h50 pour vous.
Grodoudou doit être levé, il a RDV chez l'ophtalmo.
Mamie doit se préparer doucement.
Mère doit profiter de la vue depuis son balcon.
La chatte à trois pattes doit ronronner sur le fauteuil.
Là-bas c'était Dublin, le matin.
lundi, juillet 02, 2007
Surprise !
Je suis vaguement malade, j'ai le moral assez bas et trop de boulot pas intéressant.
Bref, c'est la louze, comme on dit.
Mon Grand Chef est assez beau, charmeur, belle voix. Je me disais donc que j'allais lui faire signer mes congès et que ses regards appuyés me redonneraient un peu le moral.
Je toque à sa porte.
Pas de réponse.
Re-toque.
Un ouii un peu étranglé.
J'entre.
Dans un vaudeville.
En tous cas, c'est mon impression.
Il est avec une belle étudiante et semble tout géné.
Il m'explique quelque chose que je n'ai pas besoin de savoir, sourit bêtement, me signe mon papier.
Il a ces yeux pleins de désir que je connais bien, mais que j'ai du mal à décrire. Il y a comme un flou dedans, une humidité.
Je souris.
Je devrais être véxée, jalouse.
Mais non, j'ai beau me regarder dedans, je ne suis qu'amusée.
Lui qui avait l'air si sûr de lui, si maître de lui, est tout ému !
Cromeugnon.
lundi, juin 25, 2007
Ce dont je ne peux pas parler
La dernière fois, c'était il y a trois jours et je me faisais du souci parce que Ratatouille jouait avec le fil du fer et j'avais peur qu'elle se le prenne sur la tête.
Je lui ai mis une tape sur les fesses et je l'ai emmenée dehors pour qu'elle joue avec Mogwaï.
Samedi matin, une copine est venue les nourrir et elle a trouvé Ratatouille morte.
La tête ensanglantée.
Ce n'était pas le fer.
Nous sommes rentrés en urgence. Voir. Essayer de comprendre.
Mais je ne comprends rien.
L'odeur, les traces sur son cou. Tout désigne le gros chat noir non castré qui entre parfois chez nous. Elle aura voulu défendre son territoire et se sera pris une raclée.
Mogwaï ? Sûrement pas.
Elle l'adorait.
Et puis il y avait cette odeur, et la violence de la scène : la copine dit que l'appart était sans dessus dessous.
Un chien ? Mais comment aurait-il pu passer les murs du jardin ?
Tout est possible.
Je n'étais pas là.
Je n'étais pas là non plus quand Poutch a fini par mourir. Bien sûr, je l'ai soutenu pendant sa lente agonie, la Leucose avance à petits pas, elle laisse le temps de dire adieu.
Mais je n'étais pas là.
Je sens une malédiction sur cet appartement, sur moi.
Rien n'y pousse.
Je vois cet enfant que nous n'aurons probablement jamais.
Je vois la petite courir en tous sens pour échapper à son assaillant, nous chercher partout et finir par mourir devant cette putain de porte où nous aurions dû apparaître.
Je n'étais pas là.
mercredi, mai 30, 2007
Joyeux Anniversaire Germaine !
Elle, c'est Germaine Tillon.
Je l'ai découverte il y a environ un an, à l'occasion d'une expo au Musée Dauphinois dont je suis sortie éberluée, secouée, remontée.
Imaginez un peu : on est dans les années 30, jeune ethnologue, elle part en Algérie, dans les Aurès, étudier les nomades Shaoui.
Au tout début de la guerre, elle rentre en résistance dans le réseau Musée de l'Homme, arrêtée avec sa mère sur dénonciation, elle est déportée à Ravensbrück en 1943. Elle y survit près de deux ans, comme cantonnière, non sans faire écrire à ses co-détenues une opérette (!) sur la vie au camp et analyser le fonctionnement de celui-ci.
A son retour en France, elle écrit, elle témoigne, puis elle repart en Algérie, où elle se battra pour améliorer la conditions des femmes. De retour en France, elle institue l'enseignement dans les prisons françaises.
Germaine est toujours là.
Germaine a 100 ans.
Imaginez ce qu'elle ferait si elle pouvait en vivre 200 !
Imaginez ce que pourrait être le monde si on essayait tous d'être un peu Germaine, des fois !
lundi, mai 14, 2007
1999:26 - La boucle
Moi, c'est l'année de moins. Trop vide. Et je plonge, et je n'écris plus.
J'ai un peu honte. De me laisser arrêter, comme ça, pour rien.
Ce n'est d'ailleurs qu'une sensation, une légende personnelle.
Il s'est passé plein de choses cette année-là.
C'est moi, qui n'étais plus là.
Je revois comme dans un cauchemar cet appartement si beau que j'ai eu envie de quitter tout de suite, comme tous les autres, avec toi.
Je me revois terrorisée, de retour dans une salle de classe, comme en adolescence.
Je me revois écroulée par terre, dans le couloir de la fac, ma mère au téléphone m'annonçant la mort de la chienne que nous avons tant aimée.
Et puis je me vois, fière comme une gamine qui vient de faire le poirier, écrire ma première boucle for, celle de mon premier programme informatique.
mardi, avril 10, 2007
samedi, mars 10, 2007
Laisse, va
Sortir des halles, beaucoup moins.
L'air libre est enfumé.
De pimpants pompiers discutent le bout de gras sur la place, en tenue proprette à lignes fluos, casques rutillants, étiquetés "Pompiers de Paris".
La grande échelle est déployée, le toit n'est plus là, le mur non plus, je vois chez les gens.
Je n'y crois pas.
Je cherche la bibliothèque un moment et je me retrouve dans une immense queue. J'attends. Ca faisait longtemps que j'attendais ça.
J'ai tant de temps, sûrement. Qu'en faire ?
T'appeler, bien sûr, mais ensuite quoi ?
Je n'ai pas envie de parler à mon voisin enseveli dans son casque audio.
Je trifouille dans mon sac et j'en sors Anne Sylvestre.
J'apprends.
Je chante.
D'un coup, la queue se déroule et je passe le portillon.
A l'entrée, j'hésite, me dirige vers l'accueil où une dame me tend un ticket.
Je le prends, dis merci, à la dame.
C'est un accès Internet. Tiens ?
Bon.
Alors me voilà.
Mais les toilettes, c'est où, Madame ?
jeudi, mars 08, 2007
Drôlement magnifique
Aujourd'hui, c'est une perle.
Une de ces créations qui fait sourire les larmes.
Ca s'appelle Coiffure pour dames.
Un photographe, Fabrice Guyot, a saisi, d'un oeil drôle et tendre, le rituel coiffure de ces dames.
Ca me fait penser à Suzanne, ma grand-mère chérie, qui se fait pomponner tous les mois chez Louisette et qui, à 92 ans, en fait tout juste 75.
La permanente impeccable et le verbe haut, elle m'engueule toujours, "tu me fais honte, avec ces cheveux qui ne ressemblent à rien !"
C'est tout un budget. Tout un cérémonial aussi. Ma mère la dépose, ou la fille de Louisette, passe la prendre. Suzanne y passe l'après-midi.
Elle revient épuisée, mais fière : "Qu'est-ce que tu penses de ma couleur ? Louisette m'a bien réussie aujourd'hui !".
La coquetterie et les mots, c'est un peu tout ce qu'il lui reste.
Elle se sent si inutile, si dépendante.
Elle ne supporte pas.
92 ans, c'est beau, mais pour qui ?
Alors je lui demande un massage des pieds.
Et je lui épile le menton.
Je l'aime.
Elle m'aime.
Mais est-ce que ça suffit, à 500 km de distance ?
mardi, mars 06, 2007
2000:27 - Off-site
Je me suis habillée chouette, pas trop classe, mais élégant.
Je suis un peu angoissée, je veux faire bonne impression.
J'arrive pile à 9h15, pas trop tôt, mais pas en retard.
Tout le monde est guilleret, détendu.
Mal fagoté.
On me regarde en rigolant discrètement.
Mon chef surgit dans la cafétéria et me lance "Alors, t'es prête pour le off-site ?".
The quoi ?
Ben oui, quoi, aujourd'hui, on sort, on t'avais pas dit ?
T'as de la chance de commencer par un off-site !
Quelques heures plus tard, je suis suspendue dans les arbres en bleu de travail moulant et baudrier, terrorisée et suant comme un âne.
Déjà, j'étais arrivée à l'école en pantoufles.
mercredi, février 28, 2007
Aveu
Je suis une handicapée du supermarché.
Ca m'angoisse.
Mais vraiment.
D'abord, c'est loin.
Toujours trop loin.
Ensuite, je n'ai jamais la pièce de 1 euro qui va bien et mes jetons ne marchent plus (pourquoi, mystère). Je me retrouve donc souvent à trimbaler un cabas bleu rempli à ras bord en zig-zaguant névrotiquement.
Névrotiquement, parce que je rentre en transe dès l'entrée du magasin. Ca fait rire Grodoudou, mais moi, je souffre.
Je ne sais plus où donner de la tête, je perds le fil de ma liste, je m'égare et paf, je me retrouve immobile devant les boites de thon. Ou les biscuits apéro.
Je reste 15 minutes au rayon linge de maison, à me demander si je n'ai pas besoin de trois oreillers pour le prix de 2.
Je ne trouve pas mes yahourts natures au rayon yahourts.
J'ai oublié quelque chose, mais quoi ?
Quand j'arrive enfin à la caisse, l'angoisse monte encore d'un cran. De toutes façons la mienne sera la plus lente, oui mais pas forcément, si ?
Si.
En plus les gamins de la dame de derrière n'arrêtent pas de hurler. Et le Monsieur devant moi ne retrouve plus sa carte de fidélité.
Je veux sortir.
Bien entendu, j'ai oublié mon panier politiquement correct. Pourtant, je le sais, les sacs plastiques (gratuits), c'est maaaaal.
Mais pas les sacs poubelle payants, zavez remarqué ?
Je finis par passer, je jette tout pèle mèle dans le cabas bleu. Il me reste encore l'équivalent de deux sacs à caser là-dedans (mais comment ça rentrait avant ? C'était zippé ou quoi ?) quand la caissière me lance, vaguement agacée, "74,20€, s'il vous plait !".
La dame de derrière a un sourire moqueur.
Je me sens nulle, inadaptée.
J'ai 12 ans et j'arrive en pantoufles à l'école.
mardi, février 27, 2007
2001:28 - Open space
Nous sommes une trentaine, entassés comme dans un sous-marin.
Les bureaux sont joliment arrangés en fleurs, mais les fenêtres sont closes et les volets fermés, été comme hiver.
Il fait froid. Toujours froid.
Pourquoi faut-il que ce crétin monte la clim' et reste en pull ?
J'ai froid.
Les machines font du bruit, un bruit de fond, un sifflement, qui grignote peu à peu mes nerfs.
Si seulement il ne faisait pas aussi froid.
Les deux équipes n'ont pas grand chose en commun. Eux ont le vent en poupe, ils en profitent, imposent leur loi dans l'open space.
Ils me gonflent, les ouineurs.
Aujourd'hui ma voisine à la voix de crécelle se tait. Elle est gentille, toujours malade, mais ne dit rien. Elle.
Moi j'ai froid.
Mon téléphone sonne. Tout le monde tend l'oreille.
Mamie ?
Qu'est-ce que tu racontes ?
T'es sûre que ce n'est pas un film ?
Ok, je regarde.
Je n'arrive pas à accéder à CNN.
Un mail de S. Elle a des copains à New York, ils ont peur. Est-ce que tu arrives à te connecter sur CNN ?
Oui, ça y est, enfin !
Putain !
Tout le monde me regarde, je dépasse encore leurs bornes.
Des avions se sont crashés dans le World Trade Center !
Quoi ?
Les copains roulent jusqu'à mon bureau.
On se passe les images en boucle, c'est iréel.
On apprend par S. que d'autres avions sont tombés.
Ce n'est plus une coïncidence.
On se regarde, effarés.
La fin d'un monde.
Les autres continuent à bosser.
Leur monde peut bien s'écrouler.
mardi, février 20, 2007
2002:29 - Les 5 dernières minutes
C'était un lundi.
Un lundi de novembre.
Le 25.
Le week-end avait été difficile entre nous.
Je me sentais mal, j'étais allée voir un ami pour en parler.
Il m'avait réconfortée, redonné confiance, persuadée que tout allait s'arranger.
Et je suis rentrée ragaillardie.
Je venais de franchir le palier quand je t'ai vu.
Et j'ai su que rien n'allait s'arranger.
Tu avais l'air bizarre, comme sur le point de pleurer.
Je t'ai demandé ce qui se passait.
Tu as secoué la tête, incapable de parler.
J'ai dit, j'ai hurlé, que je ne méritais pas ton silence.
Alors les larmes ont coulé sur tes joues, libératrices, et tu m'as enfin dit.
Depuis combien de temps ?
Six mois !
Et tu l'aimes ?
Oui.
Tu ne m'aimes plus ?
Plus comme avant.
Tout est blanc dedans.
Je vais tomber.
Ne tombe pas, ne tombe pas.
Ne pas rester là, surtout ne pas rester là.
Je vais aller chez ma mère, en attendant que tu partes.
Tu vas déménager quand ?
Tu veux garder l'appartement ?
Mais tu ne pourras pas payer !
Elle va venir vivre ici avec ses trois enfants ?
Oui, bien sûr, tu peux le garder.
Putain, je ne vois rien avec toutes ces larmes.
Je dois me concentrer.
Prendre des sous-vêtements, une trousse à toilette.
Un livre.
Je n'arrive plus à te parler au milieu des hocquets.
La commode, des chaussettes.
Je ne veux pas que tu couches avec elle dans notre lit.
Je ne veux pas.
Tu entends ?
Je hurle.
Pourquoi tu pleures ?
Un pull.
Je reviendrai chercher le reste plus tard.
Je vais m'écrouler si je ne pars pas maintenant.
Je ne veux pas. Pas devant toi.
La porte est loin, je ne veux pas te regarder.
Tu me dis quelque chose, je m'arrête.
Je veux te hurler dessus, te frapper,
te tuer.
Mes bras tremblent.
Je vois mon doigt tendu vers toi.
Les mots se bousculent.
Je serre les dents.
Non !
Non, je ne veux pas.
Ce serait trop facile.
Je veux que tu souffres.
J'ouvre la porte et je sors.
...
Huit ans, jour pour jour, que je me cachais grace à toi.
Merci de m'avoir aimée, merci de m'avoir libérée.
2003:30 - le réveil
J'ai perdu des pans entiers de mon enfance mais je me souviens très bien de ces six premiers mois de 2003, avant la canicule.
Six mois enterrée, dans l'appartement de ma grand-mère, dans une banlieue assez éloignée.
Seule.
Seule après 8 ans passés à me cacher dans un couple.
Seule avec des fantômes de partout.
Je mets une chaise contre la porte, la nuit, pour m'en protéger.
Je génère mon propre froid, je n'arrive pas à me réchauffer.
Je refuse de mettre des cachets dans la glace.
Je suis comme morte, mais en fait j'hiberne.
Je bouge tout doucement, poussée par des amis incroyables qui me tiennent la tête hors de l'eau.
En juin, vers la St Jean, je passe à Dijon chez ma soeur en allant chez un de ces amis, en Champagne.
On fait la fermeture d'un vieux troquet d'habitués.
Et c'est là, devant ce bar miteux où j'hésite à entrer, que je le sens.
Il est à 20 mètres, dans la rue. Je ne le vois pas vraiment, mais je sais.
Tout est comme ralenti, ridiculement cinématographique.
Il ne regarde que moi, il sourit.
Je me marre.
Il sait.
Mon Merlin.
Marchand de tapis et chauffagiste du coeur.
Je suis enfin envie.
mardi, février 13, 2007
2004:31 - année pingouin
Secouant.
Tu disais qu'il était souvent plus simple de remonter le temps.
Maintenant que j'y suis, j'en doute.
Sans recul, j'écris comme on échappe à la noyade.
Les blessures sont trop fraiches, les moments toujours vivants.
Et la mémoire, déjà, me trahit.
2004 ? Mais il ne s'est rien passé en 2004. Si ?
Bien sûr que si.
2004 fut une transition.
La fin d'une période de libération, le début de mon histoire actuelle.
C''est l'année de ma plus belle histoire de sexe avec un homme que je croyais aimer, une histoire qui m'a déconstruite et laissée nue de moi.
C'est aussi l'année où un ami rare m'a présenté la femme dont je tomberai amoureuse.
Mais chuuut, pour l'instant, elle et moi on fait semblant. On a peur, alors on est amies. Et on rit. Tout le temps.
C'est l'année des pingouins, je me dandine maladroitement, poussée par l'instinct vers elle, à des centaines de kilomètres de moi.
Je revois encore la copine devant le cinéma, après deux heures de manchots empereurs, nous dire "bon, on va rester là longtemps, à faire les pingouines sur le trottoir ?"
Qu'est-ce que ça fait du bien !
lundi, février 05, 2007
2005:32 - La bascule (3/3)
L'émotion laisse place à la fête.
Vous êtes là, avec nous.
Vous, c'est l'autre chorale, celle qui vient de loin, 500 km plus au Nord.
Une ville minière et des gueules, des vraies.
Quand je m'agenouille pour chanter, le poing levé, je ne te vois pas.
Puis, soudain, une vague de chaleur me submerge, m'envahit.
Ta voix chaude résonne, moi je ne peux plus chanter.
Je t'ai trouvé.
2005:32 - La bascule (1/3)
Je me revois lire cette lettre, m'écrouler sur le lino de la cuisine, en hurlant.
Je dis non.
Puis j'accepte.
Je crie.
Je ne serai jamais assez spéciale pour quelqu'un.
Au début je résiste, je ne veux plus être son amante, sa chose.
Puis je craque, mon corps me trahit.
Et mon coeur se recroqueville.
Les mois passent, je profite de tout et de tous.
Je ne veux plus me regarder.
Puis il y a ce concert, un soir de déluge.
Il n'est pas venu, bien entendu, mais les autres sont là.
Ceux qui m'aiment malgré moi.
Et leur chaleur me donne des ailes, et de la voix.
Ce soir, je chante,
devant eux,
pour eux,
avec eux.
Je chante en choeur, en rouge et noir, la Résistance et la Liberté.
Je chante la libération des camps.
Les mots sont de Ferré, mais les coeurs sont à nous.
Pour eux.
2005:32 - La bascule (2/3)
Rouge
Ils sont là, on les sent, on les sait,
dans le noir, là,
juste derrière les spots aveuglants,
brûlants.
Ils sont là, tendus vers nous,
attentifs,
aux aguets.
Il fait trop chaud.
Ils sont là mais ne savent pas encore.
Alors on prend le temps,
la note, l'accord,
la respiration.
Le silence tombe.
Ils sont prêts.
Pas moi.
Je ne vais jamais y arriver, jamais.
Trop d'attente,
trop d'émotion à porter,
trop d'images dans ma tête.
Je ne peux plus respirer.
Je voudrais hurler mais je suis paralysée.
Je m'accroche à une main,
une autre me saisit,
nos regards se croisent enfin.
Je ne suis plus seule.
Mon tremblement peut voyager,
de moi à nous,
à eux.
Nous sommes prêts.
Vingt et trois,
en coeur.
Coup de calgon du lundaille
Alors voilà.
Vendredaille, Grodoudou et moi on s'est fait une soirée en namoureux.
Genre simple, mais doux : resto-ciné.
Comme on est tous les deux de grands fans de Fred Vargas, on a été tentés par l'adaptation de Pars vite et reviens tard.
Oui, bon, je sais.
Les adaptations de bons bouquins au ciné, on sait ce que ça donne. Au mieux, on est légèrement déçu, au pire, on pleure le saccage.
Très rarement on a la surprise d'une réussite totale, affranchie de l'original. Je pense au Silence des Agneaux ou à Dolorès Clayborne.
Devinez ?
Ben non, cette fois encore, pas de surprise.
C'était plat, ça sonnait faux, même les acteurs ne rattrapaient pas le tout.
Du Warnier lourdingue à souhait.
Mais ça, passe encore.
Il y a pire.
Si vous connaissez Fred Vargas, vous connaissez Rétancourt.
La seule vraie héroïne qui déchire sa race et qui, attention je vais lacher un gros mot, est GROSSE.
Oui, Rétancourt est grosse !
Y'a intérêt même !
Parce qu'elle sait transformer son énergie comme elle le souhaite.
Parce qu'elle cache Adamsberg derrière elle, en peignoir, au Canada, dans une salle de bain.
C'est une super grosse qui assure un max.
Eh bien chez Warnier, Rétancourt est non seulement inexistante, mais en plus elle est à peine baraquée. Une blondasse tiédasse, quoi. Pas de quoi cacher un José Garcia, même au régime.
Alors là, je dis stop !
Il n'y avait qu'une seule héroïne vraiment terrible, avec des formes autour et on nous l'assassine !
Ils vont jusqu'à nous fourguer une jolie asiatique genre androgyne anorexique à cheveux longs (pour compenser la taille 12 ans) dans le rôle de Camille.
AAAAAAAAAAAARRRRRRRGGGG !
J'avais envie de hurler dans le ciné, je vous jure.
Une vraie nana, dans un polar français, c'était trop demander?
PS : merci à toi, Pensées d'une ronde, d'offrir un espace cri à toutes celles (des millions) qui ne rentrent pas dans le 38 Etam !
vendredi, janvier 26, 2007
2006:33 - Le Tour de la Terre
La circonférence du globe, paraît-il.
La distance que nous avons parcouru cette année-là.
Neuf mois passés entre deux villes, entre deux vies, dans des trains qui se traînent, dans des voitures qui roulent trop vite.
Neuf mois à hurler de distance.
Notre amour a eu un accouchement difficile.
Je me demande encore si je ne suis pas stérile.
Je t'ai voulu tellement fort que j'ai fini par te rencontrer.
C'était l'été d'avant.
C'était un rêve d'enfant.
Un rêve que les kilomètres transforment en cauchemar.
Je suis plus seule que jamais, loin de toi.
Je m'éloigne, je me protège.
On ne peut pas m'aimer.
Je ne veux plus risquer.
Je mets 42 000 Km entre nous, à l'intérieur.
J'aime ailleurs, un lutin aux pieds ailés qui combat les mêmes démons que moi, mais avec élégance, le rire au bord des larmes.
Et ça me fait encore plus peur, ces ailes.
C'est elle.
Elle te sait.
Tu l'acceptes.
Je suis perdue dans tant d'amour.
Ca ne peut pas être moi.
Je ne suis pas aimable.
J'attends que vous vous rendiez compte de votre erreur.
Mais ça ne vient pas.
Et je ne sais plus quoi faire de tous ces kilomètres.
Elle sait.
Elle sait mieux que moi mon désir d'enfant.
Elle m'aime trop pour avoir peur que je sois heureuse, ailleurs.
Elle coupe les amarres.
Je pars.
Ce sera tous les changements d'un coup, ville, travail, amis, vie de couple.
Je ne me souviens déjà plus de tout ça.
J'ai encore le coeur qui bat trop fort.
A venir, des ronds dans l'eau
Cette fois, c'est décidé, je me lance dans l'aventure avec elles.
Ce n'est pas rien, affronter son histoire, ses souvenirs, son écriture.
Je ne sais encore pas si je vais commencer par ma naissance pour arriver ici, ou le contraire. Il est sans doute plus simple de remonter doucement, pour ouvrir les tiroirs et défricher peu à peu les strates d'un passé perdu.
Je vais me donner du temps.
lundi, janvier 22, 2007
Tordre le coup
Les coups dur comme les coups de coeur.
Aujourd'hui, coup de pot, j'ai droit au coeur qui bat.
Pourquoi, je me demande ?
Ca doit venir de moi.
Je fais des efforts, je positive, et hop, récompense !
Bon, je vous l'accorde, ça ne marche pas tout le temps.
Presque jamais, même.
D'habitude, j'essaye de tenir (le coup) et je m'en prends (des coups) d'autres, qui finissent par me faire chuter.
Pas là.
Mieux encore, j'ai droit à une journée magique, où des gens que je croyaient perdus loin de ma vie se rappellent à moi.
Une que j'aime, un que je connais à peine mais qui traverse le monde et m'appelle en passant.
Bien sûr, je vis le meilleur moment, celui où on ne sait pas exactement ce qui nous vaut ce coup de pot phénoménal, où on peut imaginer ce qu'on veut, le plus chouette, le plus romantique, le plus fou.
Ce qui vient après, finalement, n'a que peu d'importance.
mardi, janvier 16, 2007
Sécurité ?
http://regardeavue.com/index.php/2006/05/21/10-sans-casque-ni-bouclier-temoignage-dun-ex-officier-de-police
vendredi, janvier 12, 2007
mercredi, janvier 10, 2007
vendredi, janvier 05, 2007
Première action en 2007
http://lesoutien.blogspot.com/
Eh, au fait, 2007 bisous les gens !