Je me rappelle très bien ces résistants qui venaient à la maison.
Je me rappelle ces hommes et ces femmes qui savaient pourquoi ils s'étaient battus, pour quoi ils se battaient encore, pourquoi ils vivaient.
Contre quoi.
Je me rappelle aussi les bras décharnés, les yeux enfoncés.
Je me rappelle l'Affiche rouge.
Je me rappelle très bien m'être demandée, fugacement, si j'aurais été résistante et m'être dit, encore plus vite,
bien sûr,
évidemment.
Je le veux.
Mais j'ai aussi très tôt réalisé que la question n'est pas seulement de savoir ce qu'on voudrait être,
mais à quel moment on décide de le devenir.
A quel moment tout bascule.
A quel moment c'est tout simplement trop.
Ce qui fait basculer l'un ne fait pas forcément basculer l'autre.
Ce moment là est très personnel.
C'est à chacun de regarder en soi et de voir jusqu'où ça va
là-dedans.
Jusqu'où j'obéis,
jusqu'où je laisse faire.
Jusqu'où je suis fidèle à cette enfant que j'étais.
Ce matin, ils sont venus tôt, très tôt.
Ils ont pris un jeune couple,
puis une famille avec un enfant et la maman enceinte.
Ils les ont emmenés.
Demain, ils seront en Pologne,
après-demain, en Tchétchénie,
où leur vie ne vaut rien.
Que vaut la mienne, si je laisse faire ?
lundi, mai 05, 2008
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