mardi, avril 29, 2008

Au revoir les enfants

Madame Zagaeva et ses deux enfants, Akraman (11 ans) et Linda (10 ans) étaient à Nancy depuis fin novembre.

Les enfants allaient à l'école et parlaient déjà bien français. Leur mère avait demandé une méthode Assimil, elle voulait apprendre, mais elle n'y arrivait pas aussi bien qu'elle aurait voulu. Elle avait tellement peur qu'elle avait du mal à se concentrer.

Je lui ai proposé de venir la voir pour l'aider, pour parler. Elle m'a raconté son quotidien, les enfants qui ont peur de recevoir des cadeaux, de parler aux autres, la peur, encore. Elle me parlait vite, les yeux pleins d'appels au secours. Et j'ai eu honte de moi. Honte de mon russe tellement rouillé que je ne trouvais pas les mots pour la rassurer, honte de ne pas toujours tout comprendre, de la faire répéter.
Honte de ne pas pouvoir lui dire que maintenant, elle était en sécurité.
Je l'ai prise dans mes bras et lui ai donné mon numéro de téléphone.

Hier matin, à 8h, elle emmenait les enfants à l'école, ou alors ils finissaient leur petit-déjeuner,.
Hier matin, à 8h, des policiers les ont arrêtés, mis dans une voiture et les ont conduits vers une destination inconnue, probablement la Belgique où leur demande d'asile a déjà été rejetée.

Ensuite, ce sera les camps polonais noyautés par les forces russes et le retour en Tchétchénie, où toute la famille a été tuée et où Akraman a été torturé.


En russe, expulser se dit "déportirovat".
C'est Madame Zagaeva qui me l'a appris.

mardi, avril 22, 2008

lundi, avril 21, 2008

Hormones

Depuis quelques jours, rien ne va plus.
Il faut dire que la conjoncture n'est pas très rieuse et qu'en outre, il fait un froid polaire, ici,
à 500 km au nord.

Je me sentais cependant un peu mieux ce matin.
J'écoutais d'une oreille distraite France Inter en buvant ma chicorée.
Ca parlait histoire, ça parlait enterrement d'un poête, ça parlait dignité, ça parlait responsabilité.
La femme du poête a dit quelque chose comme "Le Président S. ne s'est pas exprimé, ce qui est une bonne chose, il n'est pas connu comme étant particulièrement humaniste".
Ca m'a mis le sourire aux lèvres et un peu de pêche là où ça manquait.

Juste après, le journaliste l'a annoncé comme on fait la liste des courses.
Une mort passée un peu inaperçue dans tout ce vacarme.
Germaine Tillion.

100 ans de combat.
Et une liste des courses.

J'ai éclaté en sanglots.

Puis j'ai pensé à la femme du poête et je me suis dit que non, tout espoir n'était pas perdu.

Germaine est en nous.

J'espère,
encore.