mercredi, décembre 31, 2008

Un père, une mère et manque

Je n'ai besoin de rien,
merci.

Je ne veux pas de votre protection,
je ne veux pas de vos conseils,
je ne veux pas de votre amour.

J'ai déjà du mal avec votre présence,
elle sonne faux,
politique,
humiliante,
étouffante.

Je ne veux pas de vous,
merci.

Je me suffis à moi-même depuis si longtemps
que je vous avais oubliés.

Ne me touchez pas,
merci.

Vous arrivez trop tard.

Je ne veux plus vous voir.

jeudi, décembre 25, 2008

Titane menthe

Tu avais des genoux en titane
et des bonbons à la menthe plein les poches.

Du titane pour te tenir droite,
face à la douleur,
face au monde.

Des menthes claires
contre
le mauvais goût.

Tu ne supportais pas
le mauvais goût,
l'approximatif,
le moyen,
la fuite.

Toi qui était si fière,
si forte,
si élégante,

ils ont tué ta dignité,
pour mieux t'achever,
ils ont tué ta volonté,
pour mieux t'enlever
la parole,
tout espoir,
pour nous faire
plier.

Ils ont tout pris,
pour ne laisser,

fondus dans le crématoire
sous les roses
et cet ensemble violet
si chic,
que tu aimais tant,

que du titane,
et de la menthe.

Mes hurlements.

vendredi, décembre 19, 2008

Tenir

Je tiens à toi.
Tiens-toi droit !
Je me tiens à toi.
Attrape-moi.

Je tiens à toi.
Je ne peux pas.
Je tiens à toi.
Je ne saurai pas.

Je tiens à toi.

On ne m'a jamais
dit ça

Je tiens à toi.

Je tiens
à toi.

vendredi, décembre 12, 2008

Apnée

Plonger,
dans ton bleu,
et se laisser pétiller
à ta surface,
doucement,
longuement.

Te sentir approcher,
hésiter,
approcher,
rire
approcher
donner
des plis dans les creux
des creux dans l'en-vie.

Mais plonger,
me perdre
oublier,
me souvenir,
respirer
ton souffle.

Plonger,
plus loin,
plus profond,
en tes bleus,

lentement,
s'échapper,
ne plus parler,
ne plus respirer,
ton souffle,

sur mon cou.

Tentation

Plic
Gouttes de moi
Sur ton imperméable.

dimanche, octobre 19, 2008

vendredi, octobre 10, 2008

Elle et moi

Je suis sur un coussin bleu en forme de fleur
sur un vélo rouge,
et toi, tu pédales,
tu pédales.

Je connais les Iles par coeur,
vues de derrière toi.

Je suis assise dans un coin,
à la bibliothèque,
à lire des BD,
tu te marres avec quelqu'un,
tu parles trop fort,
j'ai un peu honte,
puis tu m'engueules,
il faut ranger les retours.

J'ai les livres au coeur
malgré moi.

Je prépare mon brevet,
j'ai un peu peur.
Tu fais les dictées de ma mère avec moi,
en riant aux éclats !

Les mots sont mon coeur
de métier,
tu me les as fait rire,
pour les avaler.

Nous sommes assises,
chacune d'un côté de la table de ta cuisine,
nous pleurons de rire.
Tu adorais Mademoiselle Lelonbec,
la moumoute dans le bénitier,
France-soir devant et le Petit Echos de la Motte derrière.

J'aime Fernand Raynaud,
parce que tu en ris encore.

Je ne veux pas aller la voir,
elle joue mal.
Et puis je ne la connais même pas.
Tu t'en fous.
Elle lit beaucoup,
Tu me dis,
Va donc jouer au basket avec elle.

J'ai une amie de coeur,
tu l'as mise sur ma route.

Tu as toujours été là,
avec moi,
devant moi,
contre moi.

Je ne suis pas sûre que je pourrais,
sans toi.

Mon ancre à la vie.



Suzanne est morte le 10 juillet 2008.
Je n'y arrive toujours pas.

lundi, mai 05, 2008

Désobéir

Je me rappelle très bien ces résistants qui venaient à la maison.
Je me rappelle ces hommes et ces femmes qui savaient pourquoi ils s'étaient battus, pour quoi ils se battaient encore, pourquoi ils vivaient.
Contre quoi.

Je me rappelle aussi les bras décharnés, les yeux enfoncés.
Je me rappelle l'Affiche rouge.

Je me rappelle très bien m'être demandée, fugacement, si j'aurais été résistante et m'être dit, encore plus vite,
bien sûr,
évidemment.
Je le veux.

Mais j'ai aussi très tôt réalisé que la question n'est pas seulement de savoir ce qu'on voudrait être,
mais à quel moment on décide de le devenir.

A quel moment tout bascule.
A quel moment c'est tout simplement trop.

Ce qui fait basculer l'un ne fait pas forcément basculer l'autre.
Ce moment là est très personnel.
C'est à chacun de regarder en soi et de voir jusqu'où ça va
là-dedans.

Jusqu'où j'obéis,
jusqu'où je laisse faire.
Jusqu'où je suis fidèle à cette enfant que j'étais.


Ce matin, ils sont venus tôt, très tôt.
Ils ont pris un jeune couple,
puis une famille avec un enfant et la maman enceinte.
Ils les ont emmenés.
Demain, ils seront en Pologne,
après-demain, en Tchétchénie,

où leur vie ne vaut rien.


Que vaut la mienne, si je laisse faire ?

mardi, avril 29, 2008

Au revoir les enfants

Madame Zagaeva et ses deux enfants, Akraman (11 ans) et Linda (10 ans) étaient à Nancy depuis fin novembre.

Les enfants allaient à l'école et parlaient déjà bien français. Leur mère avait demandé une méthode Assimil, elle voulait apprendre, mais elle n'y arrivait pas aussi bien qu'elle aurait voulu. Elle avait tellement peur qu'elle avait du mal à se concentrer.

Je lui ai proposé de venir la voir pour l'aider, pour parler. Elle m'a raconté son quotidien, les enfants qui ont peur de recevoir des cadeaux, de parler aux autres, la peur, encore. Elle me parlait vite, les yeux pleins d'appels au secours. Et j'ai eu honte de moi. Honte de mon russe tellement rouillé que je ne trouvais pas les mots pour la rassurer, honte de ne pas toujours tout comprendre, de la faire répéter.
Honte de ne pas pouvoir lui dire que maintenant, elle était en sécurité.
Je l'ai prise dans mes bras et lui ai donné mon numéro de téléphone.

Hier matin, à 8h, elle emmenait les enfants à l'école, ou alors ils finissaient leur petit-déjeuner,.
Hier matin, à 8h, des policiers les ont arrêtés, mis dans une voiture et les ont conduits vers une destination inconnue, probablement la Belgique où leur demande d'asile a déjà été rejetée.

Ensuite, ce sera les camps polonais noyautés par les forces russes et le retour en Tchétchénie, où toute la famille a été tuée et où Akraman a été torturé.


En russe, expulser se dit "déportirovat".
C'est Madame Zagaeva qui me l'a appris.

mardi, avril 22, 2008

lundi, avril 21, 2008

Hormones

Depuis quelques jours, rien ne va plus.
Il faut dire que la conjoncture n'est pas très rieuse et qu'en outre, il fait un froid polaire, ici,
à 500 km au nord.

Je me sentais cependant un peu mieux ce matin.
J'écoutais d'une oreille distraite France Inter en buvant ma chicorée.
Ca parlait histoire, ça parlait enterrement d'un poête, ça parlait dignité, ça parlait responsabilité.
La femme du poête a dit quelque chose comme "Le Président S. ne s'est pas exprimé, ce qui est une bonne chose, il n'est pas connu comme étant particulièrement humaniste".
Ca m'a mis le sourire aux lèvres et un peu de pêche là où ça manquait.

Juste après, le journaliste l'a annoncé comme on fait la liste des courses.
Une mort passée un peu inaperçue dans tout ce vacarme.
Germaine Tillion.

100 ans de combat.
Et une liste des courses.

J'ai éclaté en sanglots.

Puis j'ai pensé à la femme du poête et je me suis dit que non, tout espoir n'était pas perdu.

Germaine est en nous.

J'espère,
encore.

jeudi, mars 13, 2008

La guerre des tics

Hélène, tu m'as prise au piège.

Je déteste les chaînes, mais je suis tellement heureuse que tu penses encore à moi que
bon, ben, vlà.

1. C'est toi qui m'a taggée, tu le sais, mais je dénonce avec vigueur le procédé !
2. Le règlement :
- il faut mentionner 6 de nos habitudes ou tics sans importance
- il faut citer 6 personnes à la fin du billet en mettant l'adresse de leur blog

Ce qui suit est donc interdit au moins de 18 ans.

- j'aime laisser la porte des toilettes ouverte pendant que j'officie. Ca me vient de ma mère. Un jour, je vais me faire prendre en flag dans un resto, c'est sûr.

- puisqu'on y est : je jette toujours un oeil sur ma "création" avant de tirer la chasse.
Bon, ok, demain j'en parle à ma psy.

Sortons.

- j'aime prendre mon petit dej seule, avec la radio. Je ne supporte pas que la table soit pleine de miettes, ni qu'on y lise (dans les miettes, horreur !), ni qu'on me parle de la journée à venir. Fouttez-moi la paix (j'ai d'abord écrit "fouettez", ouf, rien de scato cette fois) !

- dès que j'arrive au boulot, je me précipite pour voir s'il y a un nouveau Boulet, Maliki ou Trondheim. Juste des dessins, des légers, à tartiner. Ensuite je vais voir chez Prouti, qui est revenue, si elle parle de moi (elle parle souvent de moi, Prouti, je me demande comment elle fait).
Puis je vais prendre un café avec les collègues.

- dès que je peux, je vérifie si mon ventre n'est pas trop énorme. Il l'est toujours. Eve Ensler en parle (de mon ventre) dans The Good Body. Je me demande comment elle fait, Eve, pour parler de mon ventre comme ça.

- je ne peux pas m'empècher de caresser les mains de ma mamie. Elles sont si douces, si fragiles, si tordues aussi. Je voudrais tellement être magique et lui enlever la douleur, l'âge, et partir avec elle voir les baleines, au Québec. Qu'elle puisse les toucher du bout de ses doigts tout tordus.

Voilà, c'est fait.

Comme il est hors de question que je transmette la patate chaude à d'autres, mais que j'aime le principe de transmettre de belles pages, voici 3 blogs à visiter si l'envie t'en viens :
- La pêche à la baleine, toujours beau. C'est important les constantes.
- Le non dairy diary, qu'est mimi (je dois avoir envie d'un gosse, moi).
- Le Petit Champignacien illustré, même si je ne comprends pas toujours tout (d'ailleurs, j'adore ça, ne pas tout comprendre)

Et comme je suis en vacances,
j'y retourne !

mercredi, mars 05, 2008

Il fait beau !

Ce matin, dans le tram,
des yeux bleus, très bleus,
très durs,
qui ne regardent pas.

Ce matin, à l'arrêt du tram,
des yeux doux,
dans de très longs cils.

Ces yeux-là m'ont regardée,
dans un éclair,
comme on regarde sans oser.

J'ai détourné les yeux,
comme ça se fait.

Je ferai mieux,
la prochaine fois.

lundi, février 18, 2008

Ce que je deviens...


Je joue à ça, grâce à Angel, je me perds, je travaille, j'angoisse, je me fais peur, je regarde jouer les chats, je fais du bruit, pour rien.

vendredi, janvier 18, 2008

Devoir d'absence

Alain m'a écrit et m'a fait remarquer, avec gentillesse mais fermeté, que je ne bloguais plus.
Il fait ça bien, Alain.
Ce qu'il dit s'insinue doucement mais sûrement.
C'est un prof
et un bon.

Il m'énerve.
Surtout quand il a raison.

Oui, je ne blogue plus.
Je me débine.
Et pour une mauvaise raison en plus.
Bien sûr, Alain ne connaît pas vraiment cette raison, il pense juste qu'on se "doit", en quelque sorte, à ses lecteurs.
C'est un peu lourd à porter pour moi, ça.
J'essaye déjà de me devoir à moi-même.
Et c'est difficile.

Mauvaise raison, donc.
Parceque quelqu'un lit ce blog.
Quelqu'un que je ne supporte pas.
Qui pense me connaître.
Qui m'a étiquettée,
mise en prison
dans sa pensée étriquée.

Alors il faut surmonter.
Ne pas se laisser prendre au piège des bonnes excuses.
Et assumer.

Et exister.