mercredi, novembre 07, 2007

Le balayeur et la petite feuille

Ce matin je suis passée devant un monsieur à la barbe poivre et sel, la petite cinquantaine, qui balayait le trottoir où je marchais.

En lui disant bonjour, je me suis demandée à quoi il pouvait bien penser, en balayant les feuilles.
Je me suis demandée s'il révait à des vacances au soleil, à une nouvelle voiture, au match de foot à venir, à sa famille.
Je me disais qu'il ne devait pas gagner beaucoup, que ça ne devait pas être facile pour lui.
Je me disais que ce boulot devait être pénible, surtout l'hiver.

Il devait penser à tout ça, oui.
Et je me suis retournée pour mieux voir son visage,
forcément perdu dans des désirs d'ailleurs.

Le monsieur s'est penché, il a gratté de l'ongle une petite feuille qui s'accrochait au goudron humide, puis s'est relevé et l'a balayé avec précision.
Il avançait vite, concentré dans son geste.

Il rêvait sûrement d'ailleurs, mais il était là.
Complètement là.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est amusant de réfléchir à ce qu'il ya dans la tête des gens.

Quand j'étais gamine, je flippais de prendre le métro à Paris. Parce qu'il y avait trop de gens et que j'avais trés peur qu'il yen ait un parmi eux qui lise dans les pensées.
Je priais pour qu'il ne tombe pas sur les miennes.
Parce que j'avais des pensées trés "mauvaises".
Depuis j'ai compris que ces sorciers n'existaient pas.
J'ai aussi appris à ne pas exprimer sur mon visage les pensées qui vivent dans ma tête.
C'est triste n'est ce pas?
Alors quand je tombe sur quelqu'un qui sait à quoi je pense, je trouve cette personne formidable! Grâce à elle je peux laisser mon masque. Je n'ai plus peur.

Dis moi Kaa, est ce que toi aussi tu me ressembles?

Merci pour tes mots

et tes bras

Anonyme a dit…

bonjour ma petite dame.
ah! c'est vous qui m'avez regardé ce matin un bon bout de temps... je me disais! mais qu'est-ce qu'elle me veut, cette petite dame là? alors je me suis baissé pour gratter la petite feuille, ça me donnait une contenance, voyez. C'est vrai, c'est gênant, d'être dévisagé comme ça. dans la rue. mais vous, je vous reconnaitrai maintenant. zavez une bonne bouille. si. si. la prochaine fois que je balaierai, eh ben... je penserai à vous. ça me donnera toujours quelque chose à penser. parce que c'est vrai vous savez, à faire ce boulot, dans le froid, le matin, on pense pas, ou alors on pense à son lit.