Madame Zagaeva et ses deux enfants, Akraman (11 ans) et Linda (10 ans) étaient à Nancy depuis fin novembre.
Les enfants allaient à l'école et parlaient déjà bien français. Leur mère avait demandé une méthode Assimil, elle voulait apprendre, mais elle n'y arrivait pas aussi bien qu'elle aurait voulu. Elle avait tellement peur qu'elle avait du mal à se concentrer.
Je lui ai proposé de venir la voir pour l'aider, pour parler. Elle m'a raconté son quotidien, les enfants qui ont peur de recevoir des cadeaux, de parler aux autres, la peur, encore. Elle me parlait vite, les yeux pleins d'appels au secours. Et j'ai eu honte de moi. Honte de mon russe tellement rouillé que je ne trouvais pas les mots pour la rassurer, honte de ne pas toujours tout comprendre, de la faire répéter.
Honte de ne pas pouvoir lui dire que maintenant, elle était en sécurité.
Je l'ai prise dans mes bras et lui ai donné mon numéro de téléphone.
Hier matin, à 8h, elle emmenait les enfants à l'école, ou alors ils finissaient leur petit-déjeuner,.
Hier matin, à 8h, des policiers les ont arrêtés, mis dans une voiture et les ont conduits vers une destination inconnue, probablement la Belgique où leur demande d'asile a déjà été rejetée.
Ensuite, ce sera les camps polonais noyautés par les forces russes et le retour en Tchétchénie, où toute la famille a été tuée et où Akraman a été torturé.
En russe, expulser se dit "déportirovat".
C'est Madame Zagaeva qui me l'a appris.
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1 commentaire:
salut Kaa,
ce témoignage que tu donens est très important, il faut le faire savoir un maximum. Bravo pour ton action auprès des demandeurs d'asile.
Amitiés,
Alain
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