mardi, octobre 03, 2006

Critiquer Dieu

Bob c'est le Dieu de la lexicographie.
Moi même, j'ai sur mes étagères à portée de main, le ptit Bob 1 & 2, oui Madame.
Même que ça m'avait coûté plutôt cher à l'époque.
Mais que ne ferait-on pas pour avoir la bible chez soi, hein ?

Celle-là même qui me permet de vérifier chez moi, sans connexion au TLFi, que "cerne" et "stère" sont des messieurs, comme Doudou l'avait dit.
Screugneugneu.
N'empèche, il avait tort sur "congère". Na.

Donc Bob, c'est Dieu.

Parcequ'on l'apprend quand on est tout petit : "va voir dans le dictionnaire si tu ne sais pas !".

Et LE dictionnaire des dictionnaires, le truc sérieux, sans les images, c'était Bob.

La preuve, son papa cause dans le poste.
Dans tous les postes.

Papa Bob c'est l'érudit qu'on aime écouter, avec sa belle voix et toutes ses intonations jolies, son sens de l'humour et de l'anecdote, sa capacité à vulgariser sans être vulgaire, bref, un charmeur de mots.

Dans notre esprit, Bob et Papa Bob ne font presque qu'un et c'est Dieu.
Une espèce de trinité amputée, mais si rassurante.

Sauf que.

Sauf que j'ai entendu dire que Dieu n'est pas très sympa, en vrai, dans le boulot.
Que comme son alter ego à images, le Grand L, il fait bosser des petites mains dans des conditions de précarité insupportables, à des tarifs lamentables.
Que Papa Bob n'est pas très facile d'accès, en fait.

Il en prend déjà un coup dans l'aile, Dieu. Ca vous secoue même une foi ancrée depuis la plus tendre enfance, un truc pareil.

Mais bon, on se dit que ça c'est l'Eglise, c'est pas Dieu.

Pourtant le regard s'aiguise, devient plus critique.
C'est là qu'on voit ce qu'on ne voyait pas.
Les exemples... par exemple.

Dieu n'est pas infaillible.
Dieu n'est que l'héritier d'une tradition difficile à remettre en cause.

Alors quand la polémique sur les "colonies" a fait son apparition dans les média, je n'ai pas été plus surprise que ça. Non.

Ce qui m'a choquée, c'est la réaction de beaucoup, à l'exception notable de Jean Véronis, pour qui, visiblement, critiquer Bob était inacceptable. Un crime de lèse-majesté (difficile à trouver dans le TLFi !).
"Bob, tu ne critiqueras point", 8e commandement ?

Bien sûr, on peut se demander pourquoi remettre en cause ces définitions seulement maintenant, alors qu'elles sont présentes dans Bob depuis au moins 15 ans (l'âge de mon exemplaire)...
La manoeuvre semble effectivement pour le moins opportune, voire -iste.

N'empêche.
N'empêche que Bob a une responsabilité.
Je, nous, lui fais(i)ons confiance.

Mais quid de notre responsabilité, à nous ?

Et si critiquer Dieu était le seul moyen de le faire avancer ?
Hein ?


PS : je suis agnostique, mais je n'ai eu le mot pour le dire que grâce à Bob...

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